Ambazonia : ‘’ La fédération est le seul modèle qui va nous éviter les rivières de sang qui s’annoncent après Biya ‘’ Essomba
Depuis quelques jours, un regain de violence inquiétant
est noté dans les régions anglophones du Cameroun. Des tueries en série qui ont
relancé le débat concernant l’urgence d’une solution pour mettre fin aux conflits
fratricides dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays de Paul Biya.
Plus que jamais, l’analyste Dieudonné Essomba, soutient que le fédéralisme est
la seule solution.
Dans une tribune publiée
sur sa page officielle à la suite du week-end sanglant qui a eu lieu dans la
région du Nord-Ouest, l’ingénieur statisticien et analyste politique refait l’apologie
du fédéralisme.
Afripulse vous
propose l’intégralité de sa sortie :
JE VOUS EN PRIE,
CAMEROUNAIS : ALLONS A LA FEDERATION !
Quand je vous
demande d’aller très vite à la Fédération, et immédiatement, c’est parce que je
vois ce que vous ne voyez pas ! La fédération est le seul modèle qui va nous
éviter les rivières de sang qui s’annoncent après Biya !
Certains tentent de
jouer, parce qu’ils ne voient que le profit qu’ils en tirent ! Mais c’est un
très grave manque de discernement. Car l’Etat unitaire, tel qu’il a été
constitué, n’est plus viable au Cameroun et va s’écrouler sur nous.
De fait, c’est un
Etat artificiel totalement antagonique à la Nation hétérogène sur lequel il
s’applique. Et s‘il a pu faire illusion pendant 60 ans, c’est simplement parce
qu’il offrait une situation à tout le monde, en termes d’emplois directs et
d’opportunités : à sa création, tous ceux qui avaient un Certificat D’Etudes
Primaires avaient un emploi assuré, et ceux qui avaient suivi une formation
technique trouvaient largement des activités bien rémunérées.
En échange de ces
avantages, l’Etat pouvait entretenir une idéologie artificielle, où il
demandait aux Camerounais d’être d’abord Camerounais, avant d’être de leurs
tribus respectives.
Mais cela n’a jamais
été une adhésion sincère ! Les Camerounais y adhéraient pour des besoins
purement instrumentaux, et comme cela ne gênait personne, ils ont basculé dans
une hypocrisie collective où tout le mode tenait publiquement le discours de
l’unité nationale, mais agissait en tribu. Cela permettait d’entretenir une
illusion d’unité, alors que dans le fond, rien n’avait changé.
Dans ces conditions,
il suffisait que l’Etat cesse de pourvoir ces avantages pour que la situation
change totalement. Et c’est bien cela qui va se passer : par son évolution et
l’évolution du contexte, l’Etat du Cameroun s’est retrouvé totalement débordé,
incapable de répondre à une demande sociale qui évoluait de manière
exponentielle, alors que ses moyens plafonnaient. D’om un rationnement sévère
d’emplois, de revenus et d’opportunités.
Or, chaque fois
qu’un tel rationnement survient dans une Nation, il se traduit concrètement par
une violente compétition intercommunautaire sur les avantages de l’Etat, à
savoir les emplois publics, les postes de pouvoir, les infrastructures
collectives et les rentes comme les marchés publics.
Par le fait même, l’Etat qui prétend bâtir l’unité
nationale devient sa première ennemie, puisqu’il alimente les tensions tribales
sur ses avantages. Cette compétition qui ne peut que s’intensifier débouche
naturellement que sur deux types de mouvements :
– LES MOUVEMENTS
D’AGRESSION DE L’ETAT : les Communautés, exaspérées, n’acceptent plus la
tutelle d’un Etat qui ne leur apporte rien ! Suivant le cas, elles
peuvent alors réagir, soit en tentant de mettre la main par la force sur le
pouvoir pour en contrôler les avantages, ce qui peut basculer dans une guerre
généralisée si d’autres Communautés ont les mêmes prétentions. Soit alors,
demander leur séparation ;
– LES MOUVEMENTS
D’HOSTILITE A D’AUTRES COMMUNAUTES : c’est le phénomène de bouc-émissarisation,
où chaque Communauté cherche un coupable à ses malheurs qu’ils trouvent
naturellement dans les étrangers ou les allogènes, ce qui peut naturellement
déboucher sur les purifications ethniques.
Pour le cas du
Cameroun, l’Etat est épuisé et n’a plus les moyens de répondre à la demande
sociale du Cameroun et doit se réformer en profondeur afin qu’il survive. Cela
signifie qu’il faut absolument mettre un écran entre l’Etat et les citoyens, en
éclatant l’Etat en deux niveaux :
– Un premier niveau,
sous la forme des Etats fédérés qui traitent la demande sociale de leurs
citoyens respectifs. Les citoyens de l’Adamaoua doivent voir leur demande
sociale traitée au niveau de l’Adamaoua, ceux de l’Est au niveau de l’Est, et
ainsi de suite.
– Un niveau fédéral,
qui traite la demande sociale des Etats fédérés, de manière globale, tout en
étant isolé par les citoyens.
Les Etats Fédérés
formeront ainsi un indispensable écran entre les citoyens Camerounais et l’Etat
fédéral, de telle sorte que la demande sociale ne vienne plus se concentrer à
un seul endroit, Yaoundé. Ce modèle va considérablement limiter
l‘intensification des compétitions intercommunautaires, et réduire la
monstrueuse attractivité du poste de Président de la République qui alimente
tant les guerres tribales.
Certains continuent
à jouer avec le Cameroun, incapables qu’ils sont de lire les dynamiques
qui travaillent notre pays. Les événements qui se passent au Cameroun ne sont
pas un hasard : la violence des débats lors des élections, les tensions
opposant les communautés, les mouvements sécessionnistes, tout cela, nous le
connaissons depuis de longues années.
L’Etat unitaire a
réussi plus ou moins à les contenir jusqu’aujourd’hui, mais il serait erroné de
croire qu’il peut indéfiniment les contrôler, car au fur et à mesure que le
temps passe et que le rationnement s’intensifie, ces dynamiques s’intensifient
à leur tour, jusqu’à prendre un caractère explosif.
Les mouvements que
vous avez vus à Sangmélima ne sont donc qu’un coup de semonce d’une
contestation généralisée de l’Etat, comme régulateur monopolistique de la vie
collective. Ils relaient de ce fait la crise anglophone, mais aussi toutes les
réclamations issues des diverses parties du Cameroun.
Mais contrairement
aux époques passées, ces mouvements ne vont plus s’arrêter. Face à un Etat
impotent qui ne peut plus répondre à la demande sociale émanant des
Communautés, celles-ci ont levé leur tête et il n’existe aucune force qui peut
encore les étouffer !
Sans compter que
dans cet objectif, elles sont appuyées par le discours violemment
communautariste des Réseaux Sociaux.
Les Anglophones ont
imposé le statut spécial, mais ce n’est qu’un début ! Les autres Communautés
vont suivre ! Et que personne n’espère aux capacités de l’Etat à mettre fin à
ce mouvement! Il n’a rien pu faire contre les Amba Boys qui l’ont chassé des
zones rurales et imposent des Villes Mortes et des Rentrées Mortes à Buea et
Bamenda.
C’est donc une grave
erreur de se reporter sur les capacités de l’Etat à maintenir les Communautés
sous son contrôle ! Il n’en a pas les moyens !
D’ailleurs, l’Etat
unitaire est tellement épuisé que dès qu’il a payé les salaires et financé ses
guerres, il n’a plus aucun sous pour investir. On peut bien voir avec la CAN
qui s’approche, alors que les stades qu’on affirmait achever incessamment
tombent en ruine, faute d’argent.
N’en parlons plus de
tout le système productif qui se délite, ni des autoroutes et autres totalement
abandonnées. Face à la pression des Communautés, les partisans de l’Etat
unitaire tentent désespérément de leur faire avaler leur modèle de
décentralisation qu’ils ont copié de la France : étrange génie où il faut tout
copier de la Métropole, au mépris des réalités locales !
A coups de campagne
médiatique, ils tentent désespérément de vendre cette pacotille aux
Camerounais, avec des techniques de marchand à la sauvette. Malheureusement, un
tel modèle ne marchera pas. Et ils le verront leurs propres yeux aux prochaines
élections régionales, où les conflits entre autochtones et allogènes prendront
des tournures de plus en plus explosives, sans que cet Etat puisse faire quoi
que ce soit.
Il faut prendre
définitivement acte d’une réalité : l’Etat unitaire, avec ses « unités
nationales » administratives est mort ! Et s’il persiste, il finira dans des
purifications tribales généralisées ! Il faut aller à la Fédération !
Et immédiatement !
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