Scandale de la CAN, détournements : Paul Biya sort de sa réserve et réclame des comptes à Ngoh Ngoh !
Après les graves
délits de détournement des fonds Covid, les incompréhensibles lenteurs dans la livraison des
infrastructures sportives font planer des suspicions de magouilles.
Sur la base d’un rapport accablant, Paul Biya a tapé du poing sur la table, et
demande des comptes au Secrétaire Général de la Présidence, Ferdinand Ngoh
Ngoh.
Les travaux sont de nouveau à l’arrêt, et le stade Olembe ne
pourra finalement pas être livré en fin septembre, comme annoncé.
Révélations.
En milieu de semaine dernière le ministre d’Etat, secrétaire général de la
présidence de la République (Sg/Pr), Ferdinand Ngoh Ngoh, a reçu une bien
curieuse correspondance sur sa table.
Le chef de l’Etat, Paul Biya, lui donnait 48 heures pour donner les raisons du
nouvel arrêt des travaux de construction du complexe sportif d’Olembe, à
Yaoundé et dont l’ouvrage principal, de 60.000 places, est appelé à accueillir
entre autres les matches d’ouverture et de clôture de la Coupe d’Afrique des
nations (Can) de football que le Cameroun accueille du 9 janvier au 6 février
2022.-
Quelques heures auparavant, le locataire d’Etoudi avait en effet reçu un
rapport accablant sur la question. Rédigé par un autre proche collaborateur, il
donnait un état des lieux alarmant sur la conduite des opérations, placées sous
les auspices de la task force pilotée par le Sg/Pr.
En gros, non seulement le constructeur principal, Magil, réclamait le paiement
de nombreux décomptes et travaux supplémentaires, mais en plus tous les
sous-traitants croulaient sous les impayés. Conséquence, tout est à l’arrêt
avec de sérieuses menaces sur les délais de livraison de l’ouvrage, prévus en
fin septembre.
La lettre de dénonciation, du reste fort documentée, ne se contente pas
d’énumérer les dysfonctionnements. Elle plonge au cœur d’un système de
prédation à l’origine de coûts supplémentaires de l’ordre de 19 milliards de
francs, selon des sources introduites, sur un financement initial d’un peu plus
de 163 milliards de francs.
Jusque-là convaincu d’avoir les circuits d’information au président de la
République, Ferdinand Ngoh Ngoh est interloqué. C’est la première fois que lui,
le tout-puissant habitué à donner des ordres aux ministres «sur très hautes
instructions du chef de l’Etat», se retrouve lui-même en position délicate.
Il ne comprend pas, surtout, par quel circuit l’informateur a pu atteindre Paul
Biya alors que lui, qui se croit investi des pouvoirs les plus étendus,
s’estime aussi désormais à l’abri des mauvaises surprises. C’est dire s’il nourrit
des instincts de vengeance.
Jeudi, il réunit ainsi son état-major en vue de trouver des réponses
appropriées à la demande d’explications.
Dans le même temps, le Sg/Pr met ses troupes en branle en vue de retrouver le
corbeau, qui ne peut se trouver qu’au palais présidentiel. Un nouvel épisode de
la guerre des réseaux, qui fait rage ces dernières années à Etoudi.
TRAVAUX 24H/24. La conséquence de ce branle-bas va se dessiner vendredi matin,
sous la forme d‘une réunion de crise sur le site d’OIembe. Autour des membres
de la task force l’on retrouve des représentants de Magil, des sous-traitants
ainsi que le gouverneur de la région du Centre, Paul Naseri Bea.
Au terme d’un passage en revue de la situation, les envoyés spéciaux de
Ferdinand Ngoh peuvent égrener la série d’annonces préparées depuis la veille.
L’on apprend alors le déblocage, dès le début de cette semaine par la Standard
Chartered Bank, d’une enveloppe de 21 milliards de francs représentant le
financement des fonds de contrepartie du coût résiduel d’achèvement du complexe
sportif d’Olembe.
Sur cette base, le canadien Magil, repreneur du chantier au départ attribué à
l’italien Piccini, devra mettre en place un système de fonctionnement 24 heures
sur 24. Rassurés, ses ingénieurs ont indiqué que les derniers matériels liés
aux finitions sont, depuis la fin de la semaine dernière, régulièrement
embarqués dans trois bateaux.
Quant aux sous-traitants, ceux-ci devront dans le même temps se rapprocher de
la CCA Bank où leurs décomptes seront payés sur la base d’un crédit de 6,3
milliards de francs contracté le 23 mars 2021. Et, si de nouveaux incidents
n’interviennent dans le processus d’achèvement, le chantier d’Olembe devra être
livré «vers mi-octobre» et non plus en fin septembre, comme initialement
annoncé. Mais, par-dessus tout, les responsables de la task force ont appelé .
les entrepreneurs à «moins de bruits inutiles» autour du chantier.
L’on imagine bien que Ferdinand Ngoh Ngoh, piqué au vif et désormais sur ses
gardes, ne tient pas à ce qu’un nouveau rapport défavorable, vienne
compromettre son pouvoir sans cesse grandissant auprès de Paul Biya.
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