Une femme peut-elle avoir un bébé après l’âge de 35 ans ? Les scientifiques expliquent

Contrairement à la fertilité masculine, la fertilité féminine chute considérablement après 40 ans. Elle est maximale à 20 ans, et diminue progressivement dès 30 ans. Si entre 35 et 38 ans les chances de grossesse sont moindres chez la femme c’est parce que la quantité d’ovocytes baisse avec le temps jusqu’à disparaître à la ménopause. Avoir un bébé à 35 ans risque donc de prendre un peu plus de temps qu’à 20 ans, mais un peu moins que passé 40 ans. Relayé par Passeport santé, le modèle de simulation mis au point par l’épidémiologiste Henri Leridon explique qu’une femme a 75% de chances de grossesse en ayant des rapports sexuels réguliers pendant un an vers le début de la trentaine, 66% à 35 ans et 44% à 40 ans. A en croire ce même modèle, le risque qu’une femme n’arrive pas à obtenir une grossesse est de 8% à 30 ans, 15% à 35 ans et 36% après 40 ans. Le risque de fausse couche augmente également avec l’âge. Ce taux est de 12 à 15% au début de la trentaine et peut doubler entre 40 et 44 ans. En somme, l’âge diminue les chances de tomber enceinte. A 35 ans, la réserve ovarienne commence à diminuer mais les chances d’ avoir un enfant restent honorables. Ces dernières baissent cependant à chaque cycle menstruel, pour chuter après 40 ans. De ce fait, les gynécologues recommandent de ne pas retarder l’âge de la première grossesse. Ils conseillent aux couples qui désirent faire un enfant de consulter un spécialiste de la fertilité après 6 mois de tentatives infructueuses si la femme a 35 ou 36 ans. Cela permet d’avoir rapidement recours à une PMA si cela est nécessaire. Et pour cause, malgré les progrès de la science, l’assistance médicale à la procréation ne permet pas de pallier au vieillissement des ovaires. Plus la femme avance dans l’âge, plus l’efficacité de ces techniques diminue. Avant 35 ans, les chances de réussite d’une fécondation in vitro (FIV) sont de 25 à 30%, et baissent à 15 à 20% vers 40 ans.

Quels sont les risques pour la future maman ? 

Comme le souligne le Collège national des gynécologues et obstétriciens français, on parle de grossesse tardive “dès 35 ans et surtout 40 ans”. Au-delà de cet âge, les grossesses compliquées sont plus fréquentes. C’est pourquoi le qualificatif de grossesse tardive est souvent associé à un risque plus important. Et pour cause, comme susdit, le risque de fausses-couches augmente avec l’âge. Celui d’anomalie chromosomique pour le bébé aussi et passe de 1,6% à 38 ans à 2,2% à 40 ans, puis de 4% au début de la quarantaine. Au-delà des risques de malformations, les futures mamans sont également exposées à des complications notamment le diabète gestationnel, l’hypertension, les troubles thyroïdiens ou encore les problèmes cardiaques. Bien que la prise en charge   obstétricale ait progressé, la proportion de bébés mort-nés augmente avec l’âge de la maman. Elle passe de 0,8% avant 34 ans à 4,1 % à 45 ans et plus. Le risque d’accoucher prématurément est aussi plus important à partir de 40 ans. Enfin, le risque d’infertilité est également plus grand après 40 ans. Interrogée par Futura-sciences, Joëlle Belaisch-Allart, gynécologue, précise que ces informations n’ont pas pour but d’inquiéter les femmes qui choisissent d’avoir leur premier enfant à un âge avancé mais de les éclairer. “L’objectif n’est pas de culpabiliser les femmes, mais de les informer des risques” souligne la spécialiste en gynécologie et obstétrique. 

Les grossesses tardives augmentent le risque de maladies chromosomiques. Une femme âgée de 30 ans a un risque de 1/965 de donner naissance à un enfant atteint de trisomie. Ce taux est de 1/214 chez une femme de 38 ans. La probabilité que l’enfant à naître souffre de malformation congénitale augmente elle aussi proportionnellement à l’âge de la maman. Elle est de 3,5% à 35 ans et passe à 5% après 40 ans. Après 40 ans, le risque de grossesse extra-utérine est également plus accru. Ce taux est de 0,4% à 20 ans et passe à 2% à 40 ans. Si l’ensemble de la communauté scientifique a pendant longtemps placé le seuil au-delà duquel une première grossesse pouvait représenter des risques au bébé et à la maman a 35 ans, une étude publiée en 2013 dans la revue Obstetrics & Gynecology a révélé que ce seuil était de 30 ans. Pour les chercheurs, les futures mamans âgées entre 30 et 34 ans ont 5 fois plus de risque d’avoir des complications lors de l’accouchement que celles âgées entre 25 et 29 ans. Ce risque est logiquement plus important après 35 ans. 

En France, s’il n’y a pas de complications lors de la grossesse, le suivi de la maman se déroule normalement. A savoir 7 consultations prénatales, à raison d’une consultation par mois à partir du premier trimestre, et une échographie par trimestre. Si pour une maman de moins de 35 ans le suivi peut se faire par un gynécologue-obstétricien ou une sage femme, les spécialistes informent qu’au delà de cet âge, un suivi médical est vivement conseillé. Et pour cause, le médecin pourra être à même de redoubler de vigilance en cas de présence d’autres facteurs de risques notamment le surpoids, le tabagisme etc. Si toutes les recommandations sont respectées, une grossesse à 35 ans se passe généralement sans complications. La femme enceinte doit de son côté veiller à avoir une hygiène de vie irréprochable, à éviter les sources de stress et à être à l’écoute de son corps. 


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