CovidGate : Après le scandale des ambulances fictives, le deal des malades fictifs !
L’affaire de
détournement de fonds alloués aux fonds Covid n’a pas encore révélé tous ses
secrets.
Dans une récente tribune, Roland Tsapi révèle qu’il n’a pas seulement été
question de sommes détournées pour l’achat d’ambulance et de matériels
sanitaires, mais de grosses magouilles se seraient également opérées dans le
nombre des malades.
Le premier rapport d’audit de la chambre des comptes de la
cour suprême a permis au journaliste Roland Tsapi de mieux cerner l’affaire des
malades fictifs qui avait ébranlé plusieurs centres de santé en 2020 au
Cameroun. Dans son éditorial, le journaliste fait savoir que tout est parti des
5 milliards dispatchés de façon égalitaire entre les 190 districts sanitaires
du Cameroun. Pour justifier la gestion de ce fonds, certains districts ont eu
l’idée de « fabriquer » des malades fictifs.
Au cours de l’année 2020, des journalistes en reportage avaient eu des
confidences selon lesquelles des personnes étaient contactées pour servir de
malades covid-19. Elles devaient venir se faire hospitaliser dans des centres
spécialisés pendant quelques jours et ressortir moyennant une somme d’argent
dont le montant était négociable. Leurs identifications et coordonnées devaient
par la suite servir à gonfler les statistiques du centre. Ces informations
n’ont pas été relayées à l’époque, à cause de la difficulté de recouper, le
tout se faisant dans une discrétion parfaite, la loi de l’omerta régnait au
sein de ceux qui faisaient cette pratique. Mais au moins, l’opinion a été
témoin de nombreuses situations où des familles se plaignaient d’avoir amené
leurs parents à l’hôpital pour un mal bien connu depuis longtemps, mais une
fois le parent décédé les institutions hospitalières mettaient comme cause de
la mort la covid 19. Une escouade préparée à cet effet kidnappait alors le
corps, qu’elle allait enterrer avec un cérémonial qui laissaient croire que la
terre entière allait finir si on ne procédait pas ainsi. Sans que l’on ne
comprenne comment cela se passait ; des indiscrétions faisaient état de ce
qu’il y avait un gros business derrière, les allocations financières devaient
en effet gonfler au fur et à mesure que les cas augmentaient.
Fonds reçus, sans malades
Avec le rapport d’audit de la Chambre des Comptes de la Cour suprême, on
comprend un peu mieux ce qui se passait. Il relève que la surveillance
communautaire dans les districts et conduite des campagnes de dépistage du
Covid-19 dans les régions était budgétisée à hauteur de 5 milliards 893
millions de francs cfa. La Chambre a « noté que la mise à disposition des fonds
au 190 districts de santé s’est faite sur une base strictement égalitaire,
alors que la situation épidémiologique et les besoins étaient différents d’un
district de santé à l’autre. » Il est de notoriété publique que jusqu’en avril
2021, il y a des districts de santé au Cameroun où aucun cas de maladie de
coronavirus n’a été déclaré, pourtant tous les districts ont reçu de l’argent
pour la prise en charge. C’est ce qui justifie que dans certains districts
donc, on ait eu besoin de fabriquer des malades covid-19 pour justifier
l’utilisation de ces fonds, et chacun s’y adonnait à cœur joie. Dans cette
lancée, certains districts ont par ailleurs sollicité et obtenu plus d’argent
encore, sans que le besoin ne se fasse sentir. Le rapport dit une fois de plus
: « La Chambre des Comptes souligne que le recours au déblocage des fonds a été
systématisé, alors que selon les textes en vigueur il devait être l’exception
et correspondre aux besoins financiers liés à la gestion des seules urgences
médicales, notamment quand des cas positifs sont détectés et doivent être
isolés et pris en charge sans délais. Dans de nombreux cas, la Chambre a
constaté que l’emploi des fonds a été insuffisamment justifié et a donné lieu à
des abus. Enfin, en l’absence d’un barème national défini par le ministre de la
Santé publique pour les primes versées aux personnels impliqués dans la gestion
de l’épidémie, a entraîné des pratiques divergentes et des montants différents
selon les délégations régionales, les districts de santé et même les formations
hospitalières. »
Justificatifs
Pour résumer, non seulement des districts de santé ont reçu de l’argent dont
ils n’en avaient pas besoin, mais en plus d’autres faisaient recours à des
malades fictifs pour justifier les fonds et en demander davantage, des fonds
qui en plus étaient distribués à la tête du client, certains en recevant plus
que d’autres. Chacun se débrouille dans son coin à en prendre le plus en
fournissant des justificatifs. Mais il faut relever ici que la tâche de
fabrication des justificatifs était plus difficile que quand il s’agissait des
marchés de fournitures. Ce qui est compréhensible parce les justificatifs à
produire ici impliquait des hommes et femmes qui devaient donner leur accord
pour être de faux malades, ou des familles qui devaient accepter que le
certificat de genre de mort de leurs parents porte la mention Covid-19.
Conséquence, pour une fois, les fonds n’ont pas été complètement consommés. Le
rapport relève qu’il reste pour cette rubrique une somme disponible de 3
milliards 369 millions, sur les 5 milliards 893 millions de départ. Un exploit
en fait. Mais il est à craindre que cet argent ne soit pas disponible quelque
part, ce reliquat doit être sur le papier. D’après le rapport, on sait que la
rubrique « acquisition des tests de dépistage rapide » était budgétisée à 4
milliards 740 millions 785 mille francs, mais que les dépenses faites ici se
sont élevées à 25 milliards 806 millions de francs cfa, soit un dépassement de
21 milliards 65 millions 215 mil francs. Ce surplus, les gestionnaires ne l’ont
pas sorti de leurs poches, ils l’ont sûrement récupéré dans des rubriques où il
n’était pas facile de faire des malversations. Il est dès lors possible que les
3 milliards restants de la surveillance communautaire y soient passés.
Au fur et à mesure que l’on scrute le rapport de la Chambre des comptes, l’on
se rend compte que la machine des malversations des fonds covid 19 au cours de
l’année 2020 avait pris corps au sommet, et a progressivement étendu ses
tentacules vers le bas, impliquant tout le monde au passage. Le schéma mis en
place au ministère de la Santé est presque dessiné dans ce rapport, et les
Camerounais ont au fur et à mesure qu’ils parcourent les lignes, la
confirmation de ce qu’ils soupçonnaient déjà. Le Covid business n’étaient pas
une fiction, c’était une réalité qui se révèle au grand jour aujourd’hui,
confirmant une fois de plus les écrits des saintes écritures : « il n’y a rien
de caché qui ne sera révélé au grand jour » Et pour ceux qui croyaient se
cacher derrière tel ou tel pour ne pas assumer leurs actes, il est également
écrit : « Chacun rendra compte de lui-même à Dieu »
Roland TSAPI
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