Samuel Eto’o ‘’ Ce jour où j’ai eu la chance de dire à ma mère : Maman, aujourd’hui tu ne vendras plus jamais de poissons ! ‘’
Samuel Eto’o, Trophée Pichichi 2006, quadruple Ballon d’Or
Africain, capitaine légendaire des Lions Indomptables, ayant affolé les
compteurs dès ses premiers pas en tant que professionnel, Samuel Eto’o est sans
conteste l’une des figures emblématiques du football dans le monde.
Mais avant d’en arriver là, le joueur a eu un à faire un parcours hors du
commun : n’étant pas né avec une cuillère en or dans la bouche, le
camerounais est parti de zéro pour atteindre les plus hauts sommets.
Dans une sortie, il s’évertue à motiver ses jeunes congénères, et revient sur les moments émouvants de ses premiers succès.
Né le 10 mars 1981 à
Nkon, dans une banlieue de Yaoundé au Cameroun, Samuel Eto’o comme la plupart
des enfants africains, apprend le football dans la rue. Il a fait ses premiers
pas à Mvog-Ada, l’un des quartiers les plus pauvres de Yaoundé, la capitale du
pays.
Fils du comptable
David Eto’o et de Christine Eto’o, Samuel comme ses cinq frères et sœurs
(Sidonie, Madeleine, Pauline, David et Etienne), a été inscrit à l’école. Mais
le gamin aimait beaucoup plus jouer au football.
Quand le papa perd
son poste de comptable à Yaoundé, il ramène sa famille à Douala et s’installe à
New Bell, quartier sensible de la cité portuaire après un exil de quelques
années. La misère guettait la famille, la panique s’installait mais, le petit
Samuel ne trouve abri que dans le foot de rue.
Fan de Roger Milla,
Eto’o se démarquait, déjà, à l’âge de 9 ans. Malgré la pression et l’injonction
de sa mère Christine pour le persuader d’aller à l’école, le gamin obtempère
mais ne se prive pour rien au monde de son loisir.
Il fallait le faire,
lui, il veut absolument taper dans le ballon tout le temps et partout. Devant
sa maison à New Belle, dans un amas de tôles à côté du centre religieux, il
tient à s’y affirmer comme le plus fort du quartier. Aujourd’hui, ces premières
arabesques sont immortalisées à la craie, sur le mur de quincaillerie : «
Avenue Samuel Eto’o fils ».
C’est là qu’il
apprit à dribbler, entre les poules et les chats, sur une terre battue
irrégulière, contre des adversaires à pieds nus. Le petit génie aussi parlait
peu. Samuel Eto’o était un enfant très calme, doux et timide.
Quand il inscrivait
un but au quartier, on lui donnait 1000 francs CFA (environ 1 euro 52 centimes)
pour acheter une bouteille d’eau ou une brochette. La vie était dure pour les
Eto’o, mais ils arrivaient à s’en sortir.
Un beau jour, Diallo
Siéwé, un entraineur à Douala a été alerté sur le jeune crack qui fait malheur
au quartier. Le coach file voir la merveille scintiller dans une rue de New
Bell, le quartier le plus populeux de Douala, leur quartier. Conquis, il lui
demande illico d’intégrer sa structure. La réponse du gosse reste à jamais
gravée dans sa mémoire.
Samuel l’a regardé
et lui a dit : « C’est vous le coach Diallo? Vous savez, je suis très fort, je
ne sais pas si vous pourrez m’apprendre quelque chose ! ».
Très conscient, il
s’adressait à l’un des formateurs les plus respectés de la ville. Jamais un
gamin ne lui avait parlé comme ça. Mais Eto’o va changer d’avis quelques heures
plus tard.
Le soir, le coach
Diallo le voyait débarquer à la maison à proximité de la sienne. Il avait
changé d’avis et c’était le début d’un rêve. Il rejoint alors l’Union
camerounaise des brasseries de Douala et écrase la concurrence. Avant tous les
matches, le petit Samuel lit sa prière et remet le bout de papier dans sa
chaussette. Au fil des mois, son talent fleurit sur les terrains les moins
verts et les plus vagues de Douala. Le Cameroun était devenu trop petit pour
lui. Agé de 15ans, il décide de partir à la conquête de l’eldorado européen.
Samuel Eto’o, entre
essais infructueux et galères européennes
En quittant son
Cameroun natal, le jeune Samuel Eto’o, alors âgé de 15ans, n’a pas atterri
premièrement en Europe mais au Paraguay via le Brésil. L’homme d’affaires Pedro
Aldave avait entre les mains la possibilité d’emmener le jeune crack à Cerro
Porteño. En 1996, deux jeunes Camerounais sont partis en aventure au Brésil :
Il s’agit de Gérémi Njitap et de Samuel Eto’o.
Les deux gamins ont
intéressé Pedro Aldave, le Président du club Paraguayen, Cerro Porteño. Le club
finit par signer le jeune milieu Gérémi et délaisse Eto’o à cause de son
physique. Il était jugé trop maigre et sans grand avantage pour affronter les
défenseurs violents du football Guarani. Le club ne voulait pas trop risquer,
donc un seul se rendrait à Asunción pour les tests. Njitap signe au début des
années 1997 au club Paraguayen et Eto’o va s’envoler en France pour tenter de
se trouver lui aussi un club.
Arrivé en France, il
ne dispose alors que d’un visa de dix jours, très insuffisant pour s’installer à
Paris. Eto’o vit alors clandestinement et ne quittera plus son appartement. Il
demande d’intégrer le Centre de formation du PSG mais sans papier, la réponde
du club a été négative.
« J’ai d’abord pris
la mauvaise décision comme tous jeunes africains qui rêvent d’aller en Europe.
J’étais sans papier en Europe. J’étais arrivé avec un visa pour 10 jours. Je
vais sur Marseille, Avillon, et je décide de rester à notre Dame. Je reste à
Paris. Après, j’ai dit à ma sœur que je rentre au Cameroun. C’était difficile,
puisque je reste plusieurs mois et je ne sors que 2 ou 3 fois. C’était l’époque
où tout le monde était soupçonné sans papier et quand on vous attrapait, on
vous rapatriait, c’était vraiment difficile. »
Samuel Eto’o rentre
au Cameroun très déçu et décide d’intégrer le Centre Kadji Sport Academy (KSA),
basé à Douala dans la capitale économique du Cameroun. Samuel ne s’amuse plus,
il prend tout au sérieux et impressionne à KSA. Le Havre en partenariat avec le
centre, l’invite en essai en Normandie. Eto’o repart en France avec
enthousiasme mais une fois encore, c’est avec déception et tristesse qu’il va
retourner dans son pays bredouille.
Un désaccord, l’essai au Havre était concluant mais à 16ans, Eto’o voulait un
contrat Pro mais le club ne lui garantissait qu’un contrat pro-stagiaire. Pas
trop découragé, il profite du temps restant pour se faire tester sans à l’ASS
Saint Etienne et l’AS Cannes avant un retour au bercail.
Premier club de
Samuel Eto’o
De retour au
Cameroun, Eto’o a été appelé en sélection junior du Cameroun alors qu’il
n’avait que 15 ans. Il signe un doublé contre la Côte d’Ivoire et se fait
repérer par Pirri, alors recruteur du Real Madrid. Pirri lui propose un essai
au club Meringue. Eto’o débarque en Espagne 10 jours après avec un visa, en
règle cette fois-ci.
Il réussit avec brio
au test et le Real Madrid lui offre un contrat. C’était le début d’un rêve
glorieux, un peu cauchemardesque. Lors de sa première saison, il évolue avec la
Castilla, l’équipe réserve du Real Madrid, car il était jugé trop jeune pour
jouer en équipe première.
La concurrence était
rude et le Real Madrid décide de prêter son nouveau crack au CD Leganes lors de
la saison 1997-1998. Le club évoluait en 2è division. Eto’o marque les esprits
en marquant 4 buts en 30 matchs. A la fin de la saison, il retourne au Real
Madrid pensant finalement être intégrer au club Meringue. Mais le club blanc
lui fait de fausses promesses et le prête à nouveau pour 6 mois à l’Espanyol.
Samuel ne jouera
aucun match avec le club et retourne une deuxième fois à Madrid. Il doit faire
face à la concurrence de Raul, Morientes, Nicolas Anelka. Il joue tout de même
6 matchs mais n’a réussi à trouver le chemin des filets. En Janvier 2020, le
club l’envoie à nouveau en prêt, cette fois-ci à Majorque avec option d’achat.
«Ma signature au
Real Madrid, c’était l’espoir et un début d’un rêve pour moi. Seulement mon
rêve était devenu cauchemar parce que ce que j’aime le plus faire, c’est-à-dire
jouer au football, je ne pouvais pas le faire. J’étais rentré en bras de fer
avec le Président. Il faut qu’on donne la chance aux jeunes joueurs. Rien n’a
été facile pour moi. Le jour où j’ai dit à ma maman : aujourd’hui tu ne vendras
plus le poisson, c’était déjà une réussite pour moi.
Et je me disais, je
vais y arriver car c’était pour moi une souffrance de voir ma pauvre maman se
réveiller à 2h du matin pour aller acheter du poisson qu’elle devrait revendre
le lendemain. Si dans un grand club on ne vous donne pas cette chance, alors,
il faut aller ailleurs. Moi à chaque fois je rencontrais le Real Madrid à
Majorque, je me donnais à fond et j’ai eu une discussion avec le Président du
Real Madrid de l’époque.
Il m’a promis : '' Non
Samuel, la saison prochaine, tu reviens à la maison et j’étais heureux comme
tout. La saison prochaine, rien du tout ''.
Le Real Madrid finit
par vendre Samuel Eto’o à Marjorque et le Camerounais explose dans les rouges
et noirs. A l’époque, Pedja Mijatovic, chargé des recrutements du club
madrilène a tenu à lever un coin de voile sur le dossier de Samuel.
« Nous n’y
avons jamais pensé. Nous n’avions jamais voulu d’Eto’o au Real Madrid. Avec
Ruud van Nistelrooy, Arjen Robben, Raul… Il aurait été impossible de le faire
jouer ici ». Une terrible erreur, au vu de la carrière accomplie par la légende
camerounaise. Et sa légende, Eto’o l’a écrit tout seul… son parcours en est la
preuve.
Samuel Eto’o, le
parcours en club
Samuel Eto’o inscrit
70 buts en 165 matchs avec Majorque et gagne la Coupe d’Espagne en 2003 mais va
perdre la Supercoupe d’Espagne la même année. Sa belle forme intéresse le
Barça, l’ennemi de son ancien club, le Real Madrid.
Le Barça avait déjà
réussi à signer Ronaldinho une saison plus tôt mais le Brésilien ne pouvait pas
faire le job seul. Un élément clé manquait toujours devant. Cette pièce a été
retrouvée une saison après l’arrivée de Roni, en Méditerranée sur l’île de
Majorque. Samuel Eto’o débarque et le Barça retrouve ses sensations.
L’attaquant a été la figure clée des exploits remarquables du club.
La conférence de
presse d’Eto’o a donné le ton : «J e courrais comme un homme noir pour vivre
comme un homme blanc. Je ne retournerai pas à Madrid même pas pour 1000
millions ». C’était un joueur en mission, quelqu’un déterminé à prouver que ses
sceptiques avaient tort. Il voulait à tout prix atteindre le sommet absolu,
même s’il devait traîner avec lui un club encore en déroute.
Lors de sa première
saison au Camp Nou, Eto’o a marqué 25 buts en championnat, terminant meilleur
buteur de la Liga (C’est la première fois qu’un joueur de Barcelone avait
dépassé ce tableau depuis Ronaldo en 1997, Ndlr). Il permet aux Blaugrana de
remporter leur premier titre de champion depuis 1999. Dans un moment
emblématique, lors des célébrations dans un Camp Nou bondé, Eto’o a pris le
temps de se souvenir des sceptiques, conduisant les supporters dans un chant
d’anti Real Madrid.
Après des années de souffrance, Eto’o a rendu fier le Barça. La saison
suivante, Eto’o a de nouveau dominé les classements, assurant un autre titre. Mais
c’est sa contribution du 17 mai 2006 qui a été la plus importante de toutes.
Avec le Barça à seulement 15 minutes d’une défaite en finale de la Ligue des
champions contre Arsenal, Eto’o s’est précipité dans la surface depuis l’aile.
Il s’accroche à la passe d’Henrik Larsson pour délivrer le club. Barcelone a
remporté la Coupe d’Europe (La ligue des Champions, Ndlr) pour la première fois
depuis 1992 et seulement la deuxième fois de son histoire.
Mais l’arrivée de
Pep Guardiola a un peu précipité le départ du Lion Indomptable. Pour sa seule
saison sous Guardiola, il termine encore Pichichi bien qu’il ne s’entendît pas
avec le technicien Catalan.
« D’abord, je suis allé le voir pour lui dire qu’il n’était pas un excellent
joueur, mais un bon joueur. J’ai eu une offre pour joueur. Comme entraîneur, il
n’avait pas le palmarès pour imposer ses idées dans le vestiaire du Barça. J’ai
eu une offre de l’Ouzbekistan où on me payait 26 millions de dollars pour 6
mois, et là, Pep me dit d’y aller. J’ai répondu que c’est Eto’o qui te fera
gagner, et tu viendras me demander des excuses. Nous étions aux états unis pour
l’avant saison, et là Guardiola dit à Thierry Henry de prendre le numéro 9, et
moi le 14. »
« C’était un manque de respect total, car j’ai beaucoup donné pour le club, et
je ne pouvais rester silencieux. A la fin de la saison, je plante 35 buts, et
je marque le premier but en finale de Ligue des Champions en 2009 face à
Manchester United. Il s’en est suit un dîner arrosé où Guardiola a pris la
parole pour me féliciter sur ma saison et mon professionnalisme, et c’était la
première fois où je lui ai fait confiance. Ce que je ne savais pas est que cela
m’a coûté mon passeport pour l’Inter de Milan. »
A la fin de cette
saison glorieuse où le Barça a tout raflé, Eto’o est vendu à l’Inter Milan
contre Zlatan Ibrahimovic. Le Cameroun relève avec le brio le Challenge et va
signer un deuxième triplé consécutif avec deux clubs différents, devant ainsi,
le seul joueur de la planète à le réaliser. « Je serai à jamais reconnaissant
envers Guardiola, il a permis à l’Inter de faire le meilleur deal, Ibra part
pour Barcelone pour 80 millions plus Eto’o, c’est le plus beau transfert de
l’histoire du football ».
Après avoir gagné 4
Ligues des Champions (1 au Real Madrid, 2 au Barça et 1 à l’Inter Milan) Samuel
Eto’o n’a jamais remporté le Ballon d’or Européen. Après deux saisons en
Italie, il s’envole en Russie et s’engage à Anji Makhatchkala. Il devient le
joueur le mieux payé au monde. Mais les résultats sur le plan sportifs ne
suivaient pas.
Après deux saisons,
il retrouve José Mourinho à Chelsea et au bout d’une saison, il comme par
enchaîner des aventures. D’abord à Everton, ensuite, un bref retour en Italie
avec la Sampdoria. Ensuite, la Turquie. Il passe 3 saisons à Antalyaspor et
devient le meilleur buteur de l’histoire du club avec 44 réalisations avant de
tomber en disgrâce avec les supporters suite à sa nouvelle de rejoindre le
Konyaspor. Le Camerounais termine son voyage au Qatar SC et est à tout jamais
une légende du football.
-Exploits en équipe
nationale
Samuel Eto’o a un
palmarès long comme le bras. Sous le maillot national, le Lion Indomptable en a
dompté des titres collectifs et individuels. En 2000, il était déjà Espoir
africain de l’année. Un Espoir qui se révélera être le loueur africain des
années : 2003, 2004, 2005 et 2010.
Fort de ces belles
années lumières, il glanera également des distinctions individuelles notamment
le Lion d’or africain : en 2004, 2009, 2010 et 2011. Sous le maillot du Cameroun,
Samuel Eto’o aura également enfilé les buts. Il a trôné sur le continent avec
des titres de Meilleur buteur de la Coupe d’Afrique des nations : 2006 avec 5
buts et 2008 avec 5 buts. Comment parler de ses exploits avec le Cameroun sans
souligner l’année 2006 qui le voyait nommer dans l’équipe type de la Coupe
d’Afrique des nations.
Pour boucler la boucle, Samuel est le Meilleur buteur de l’histoire du Cameroun
avec 56 buts. Il est aussi le Meilleur buteur de l’histoire de la Coupe
d’Afrique des nations avec 18 buts. Masterclass. Voici un homme qui aura donc
fait rêver le Cameroun pendant près de 15 ans. Une carrière internationale bien
remplie qui aura tout de même connu des hauts et des bas.
Un jeune retraité qui garde en tête ses ambitions de
technicien.
« Je suis fan d’un Guardiola. Je suis un
amoureux du foot, je me dis qu’il faut gagner avec la manière. Le foot, c’est
comme aller au théâtre : c’est beau d’aller au stade et d’y voir un beau
spectacle. Quand vous regardez les équipes de Guardiola jouer, vous ne vous
ennuyez jamais parce que vous voyez une équipe qui défend avec le ballon, qui
attaque, qui crée des espaces… Vous voyez des actions magnifiques ! ». On
pourra donc s’attendre à du tiki taka quand Eto’o prendra en charge sa première
équipe.
Pour nous,
Africains, arriver en Europe, c’est un miracle. Réussir après ce que vous
entreprenez, c’est un autre miracle. Rien n’a été facile pour moi. Le jour où
j’ai eu la chance de pouvoir dire à ma mère : 'Aujourd’hui tu ne vendras plus
jamais de poissons', c’était déjà une réussite pour moi. Car c’était une
souffrance de voir ma mère se réveiller à 2 heures du matin pour aller acheter
du poisson qu’elle devait ensuite revendre au marché. Après ça, je me suis dit
que je pouvais devenir le meilleur."
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